vendredi 12 avril 2013

Ballade inconvenante pour qui y croit encore



Il ne croyait en rien, du moins à pas grand-chose
Et quand on lui d’mandait : « Dans la vie tu fais quoi ? »
Il répondait gouailleur : « Bien souvent je compose
Des ritournelles faciles et des vers maladroits
Alexandrins qu’on mord, qu’on hurle, qu’on aboie
Foutaises, broutille, bêtises, ineptie, bagatelle
Raison m’importe peu, Vérité fait sa loi
Et c’est elle que j’aime, je l’entends qui m’appelle

Elle a les tempes bleues, mais son teint reste rose
Elle est encore jolie, ravissante, plein’ de joie
La peau blanche, mais frappée de centaines d’ecchymoses
Elle te berce rêveuse, sans Dieu, sans foi ni loi »
Et il s’est embrasé, après avoir dit ça
Il partit la chercher, la belle jouvencelle
La Vérité sincère, la cause de son émoi
Vérité incroyable, puissante, universelle 

Il la chercha longtemps, sans jamais faire de pause
Il la trouva enfin, et fut saisi d’effroi
La Vérité est laide, en pleine ménopause
Une veille paumée, tremblante et aux abois
Il fut vraiment déçu, mais ça arrive parfois
Quand les rêves se confrontent un peu trop au réel
De la voir si fragile, il en resta pantois
La vérité, hélas, n’s’habille pas de dentelle

Envoi
Prince, sache au moins, qu’avant d’changer d’endroit
De parcourir les routes pour user ses semelles
La Vérité pria celui qui restait coi
S’il te plait, dit aux hommes que je suis jeune est belle