dimanche 20 mai 2012

De la chimie appliquée au programme de François Hollande

Mon pote Gaby, il a dit l’autre jour : « Ça y est, on a donné la France à François. Mais c’est rigolo, jamais je n’aurais cru voir Hollande se battre contre des moulins à vent ». Ça y est, on a un nouveau président. Paraît que le changement c’est pour maintenant. Y en a plein qui espèrent que Hollande change son fusil d’épaule pour qu’on puisse se changer les idées. Moi je n’y crois pas trop. D’abord parce que comme dit Gaby : « Les pas drôles s’envolent et les aigris restent ». Finalement, d’une élection à l’autre, il n’y a que le changement qui soit permanent
Ensuite parce que je crains que notre président, face à un monde en crise, au lieu de penser le changement, change le pansement. Ce qui est, vous le reconnaitrez, beaucoup moins utile. En fait c’est un peu comme s’il s’était engagé à changer toutes les ampoules grillées du pays. Et ça, c’est difficile à faire tout seul. Nous, au bistrot, quand il y a une ampoule grillée, on a une solution pas mal et collective. Il y en a un qui tient l’ampoule et pendant ce temps, les autres picolent jusqu’à ce que la pièce se mette à tourner. Ce n’est pas très efficace, mais on se marre bien.
En fait, il faudrait poser la question en terme chimique. Un changement d’état a des causes qui faut déterminer pour agir sur la matière et s’appuyer sur ce qui existe déjà, car comme dit Gaby : « Rien de super, rien de secret : tout est uniforme »
La matière à trois états, comme ma journée en général. Le matin je suis solide, à l’apéro je suis liquide et le soir je deviens gazeux. Et en chimie passer d’un état solide à un état gazeux, ça s’appelle la sublimation.
Et qu'est-ce qui permet le changement d’un état à l’autre ? La température ou la psychanalyse. D’ailleurs, vous savez combien de psys il faut, pour changer une ampoule. Un seul, mais il faut que l’ampoule ait vraiment envie de changer. Concernant la température, l’eau passe de l’état liquide à l’état gazeux par un mouvement qu’on appelle la vaporisation ou ébullition qu’on obtient à environ 100 degrés alors que moi je bouillonne quand j’entends un discours de gaulliste. D’ailleurs vous savez combien il faut de gaullistes pour changer une ampoule ? Aucun, cette ampoule marchait très bien il y a 70 ans donc aucune raison qu’elle ne marche plus aujourd’hui.
Concernant le changement d’un solide en liquide, ça s’appelle la fusion et s’obtient à 0° alors que moi c’est 12 degrés 5 mais c’est pas grave, je conduis pas après. Vous avez remarqué d’ailleurs que c’est la même chose dans le monde de la finance. Ben oui après tout, une fusion, c’est quand deux solides entreprises s’assemblent pour créer du liquide.
Donc le boulot de notre président, ça va être de changer la température de la France et pour ça sans doute de commencer par la prendre. Il faut qu’il se dépêche d’ailleurs. Y en a environ 10 % qui commence à être tout rouge, alors s’il veut garder son beau teint rose, faut qui face gaffe. Le front a de la fièvre. Enfin cela dit en termes de changement c’est un peu la même chose, car vous savez combien il faut de marxistes-léninistes pour changer une ampoule ? Aucun l’ampoule contient la graine de sa propre révolution.
Tout ce qu’il faut lui souhaiter maintenant, c’est qu’il fasse gaffe en jouant à l’apprenti chimiste de ne pas tout faire sauter. Moi je veux bien qu’il s’amuse tout seul dans sa chambre, mais ça pourrais être dangereux, c’est si facile par inadvertance ou incompétence de mettre de l’eau dans le gaz. Alors maintenant je me méfie.
Ceux qui vont forcément être déçus par contre, c’est les électeurs qui croient vraiment aux changements. Ceux-là vont vraiment tomber de haut. En même temps vous savez combien d’électeurs, il faut pour changer une ampoule ? Aucun, un électeur, ça ne peut rien changer.

Des commemorations...

Mon pote Gaby, il dit toujours : « L’industrie de l’alcool fait bosser près de 4 millions de personnes en France. Finalement, c’est presque nous, les plus gros employeurs ». Du coup on a failli allez s’inscrire au Medef. Mais en fait, ça nous ferait mal d’aller picoler avec les déçu du Sarkozysme. En même temps, c’est normal qu’il soit déçu, comment veux-tu que Sarkozy ait pu relancer la croissance, alors qu’il a raté la sienne. D’ailleurs, les chiffres sont formels : 34 pour cent des électeurs de Sarkozy ont sombré dans l’alcoolisme lors de la dernière année de son mandat. Même si en 2007, 64 pour cent de ces électeurs ont confié être encore bourrés en allant voter. Nan, le MEDEF, ce n’est pas pour nous, on a notre intégrité tout de même, et comme dit Gaby : « C’est bien connu, l’argent n’a pas d’honneur ». Pis on passerait sans doute pour des trois fois rien, des minables ne rêvant que d’iles désertes et de liqueurs exotiques. En même temps comme dit Gaby : « Tous les gredins rêvent au rhum ».
En fait, c’est surtout que le premier mai dernier, je suis parti du café des ouvriers pour aller foutre le bordel au rendez-vous des patrons. Du coup je suis plus vraiment le bienvenue, je pense. C’était une sacré fête. On s’est bien marré. Avec Gaby, on a gueulé au service d’ordre de la manif « l’ordre mon cul, la liberté m’habite ». Y a des syndiqués que ça n’a pas trop fait rigoler. Ils nous ont dit qu’on n’était pas respectueux du vrai travail. Bon moi, c’est vrai, je ne suis pas syndiqué. Comme métiers, je fais écrivain alcoolique. L’avantage, c’est que je peux boire en travaillant. Mais si je pouvais me syndiquer, je le ferais. Moi, je suis plutôt pour les syndicats, car comme dit Gaby : « L’inverse du talon d’Achille, c’est la cheville ouvrière ». Seulement voilà, ils nous ont dit qu’on ne pouvait pas rire de tout. Ce n’est pas vrai, on peut rire de tout, sauf peut-être des oignons. Alors bien sûr, je comprends, la vie est dure. Mais heureusement que la vie est dure, il ne manquerait plus qu’elle soit molle.
C’est comme la semaine d’après, lors de la commémoration du 8 mai, j’ai écrit aux élus de mon quartier pour essayer d’avoir la médaille de la Résistance tellement je tiens bien l’alcool. Ça ne les a pas fait rire, ils m’ont traité de tous les noms, et maintenant ils refusent de me parler parce que je suis alcoolique. Ben je peux t’assurer que dans mon quartier, ils ne doivent pas parler à grand monde. Et que ce soit bien clair tout de même, pour moi, pendant 5 ans la première dame de France, c’était pas Carla Bruni, mais la patronne du café de la place. Et puis on peut bien me traiter d’alcoolique, chacun cherche l’ivresse à sa façon. Ah ça l’ivresse du pouvoir, t’es jamais emmerdé de toute façon, t’as un chauffeur. Et puis après tout le 8 mai, si c’est la fête de la paix et de la fraternité, le refus de toutes les guerres et de toutes les soumissions, ça devrait être une fête vivante et pas macabre comme on nous l’impose chaque année. Comme dit Gaby « Y a des oiseaux qui chantent pas, y a des oiseaux qui volent pas. Il y a des oiseaux qui ne méritent pas d’être des oiseaux »…
Du coup je propose nous aussi qu’on commette une commémoration, même pas peur. Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs, Notre Père qui êtes aux cieux, restez-y. Il y a un an jour, jour pour jour, un peu partout en Espagne, le peuple est descendu dans les rues et a commencé à occuper les places publiques donnant lieu à un mouvement relativement international. En France, on a essayé de faire la même chose avec moins de succès, mais tout de même il n’y a pas de mal à se rappeler, et des morts pour la France, et des indignés, tous victime de l’intérêt de quelques-uns. Si les uns sont morts, les autres sont bien vivants.
Allez va, faut garder l’espoir. Mais avant toutes choses, un dernier verre pour la route en attendant la déroute…