Mon pote Gaby, il dit toujours : « L’industrie de l’alcool fait bosser près
de 4 millions de personnes en France. Finalement, c’est presque nous, les plus
gros employeurs ». Du coup on a failli allez s’inscrire au Medef. Mais en fait,
ça nous ferait mal d’aller picoler avec les déçu du Sarkozysme. En même temps,
c’est normal qu’il soit déçu, comment veux-tu que Sarkozy ait pu relancer la
croissance, alors qu’il a raté la sienne. D’ailleurs, les chiffres sont
formels : 34 pour cent des électeurs de Sarkozy ont sombré dans l’alcoolisme
lors de la dernière année de son mandat. Même si en 2007, 64 pour cent de ces
électeurs ont confié être encore bourrés en allant voter. Nan, le MEDEF, ce
n’est pas pour nous, on a notre intégrité tout de même, et comme dit Gaby : «
C’est bien connu, l’argent n’a pas d’honneur ». Pis on passerait sans doute pour
des trois fois rien, des minables ne rêvant que d’iles désertes et de liqueurs
exotiques. En même temps comme dit Gaby : « Tous les gredins rêvent au
rhum ».
En fait, c’est surtout que le premier mai dernier, je suis parti du café des
ouvriers pour aller foutre le bordel au rendez-vous des patrons. Du coup je suis
plus vraiment le bienvenue, je pense. C’était une sacré fête. On s’est bien
marré. Avec Gaby, on a gueulé au service d’ordre de la manif « l’ordre mon cul,
la liberté m’habite ». Y a des syndiqués que ça n’a pas trop fait rigoler. Ils
nous ont dit qu’on n’était pas respectueux du vrai travail. Bon moi, c’est
vrai, je ne suis pas syndiqué. Comme métiers, je fais écrivain alcoolique.
L’avantage, c’est que je peux boire en travaillant. Mais si je pouvais me
syndiquer, je le ferais. Moi, je suis plutôt pour les syndicats, car comme dit
Gaby : « L’inverse du talon d’Achille, c’est la cheville ouvrière ». Seulement
voilà, ils nous ont dit qu’on ne pouvait pas rire de tout. Ce n’est pas vrai, on
peut rire de tout, sauf peut-être des oignons. Alors bien sûr, je comprends, la
vie est dure. Mais heureusement que la vie est dure, il ne manquerait plus
qu’elle soit molle.
C’est comme la semaine d’après, lors de la commémoration du 8 mai, j’ai écrit
aux élus de mon quartier pour essayer d’avoir la médaille de la Résistance
tellement je tiens bien l’alcool. Ça ne les a pas fait rire, ils m’ont traité de
tous les noms, et maintenant ils refusent de me parler parce que je suis
alcoolique. Ben je peux t’assurer que dans mon quartier, ils ne doivent pas
parler à grand monde. Et que ce soit bien clair tout de même, pour moi, pendant
5 ans la première dame de France, c’était pas Carla Bruni, mais la patronne du
café de la place. Et puis on peut bien me traiter d’alcoolique, chacun cherche
l’ivresse à sa façon. Ah ça l’ivresse du pouvoir, t’es jamais emmerdé de toute
façon, t’as un chauffeur. Et puis après tout le 8 mai, si c’est la fête de la
paix et de la fraternité, le refus de toutes les guerres et de toutes les
soumissions, ça devrait être une fête vivante et pas macabre comme on nous
l’impose chaque année. Comme dit Gaby « Y a des oiseaux qui chantent pas, y a
des oiseaux qui volent pas. Il y a des oiseaux qui ne méritent pas d’être des
oiseaux »…
Du coup je propose nous aussi qu’on commette une commémoration, même pas
peur. Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs, Notre Père qui êtes aux
cieux, restez-y. Il y a un an jour, jour pour jour, un peu partout en Espagne,
le peuple est descendu dans les rues et a commencé à occuper les places
publiques donnant lieu à un mouvement relativement international. En France, on
a essayé de faire la même chose avec moins de succès, mais tout de même il n’y a
pas de mal à se rappeler, et des morts pour la France, et des indignés, tous
victime de l’intérêt de quelques-uns. Si les uns sont morts, les autres sont
bien vivants.
Allez va, faut garder l’espoir. Mais avant toutes choses, un dernier verre
pour la route en attendant la déroute…
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