Mon pote Gaby, il dit toujours : « La chair triste est là, car j’ai bu tous
les litres ». Eh oui, je te préviens, toi qui me lis, ce soir, je ne suis pas
d’humeur. Je suis un peu triste, car je me sens un peu seul. Je suis même
obligé de picoler pour voir double et ainsi pouvoir me tenir compagnie. Et dire
que ma mère m’a défendu les mauvaises fréquentations.
Mais faut admettre aussi que j’ai des raisons de picoler… Mon chat est
parti… c’est con, je l’aimais bien. Mais il m’a dit aujourd’hui : « Faut que je
me barre, faut que je sorte de l’ordinaire ». En ce moment tout le monde veut
sortir de l’ordinaire. Mais faut pas s’étonner après que l’ordinaire, ce soit
tout vide… Et en plus en pleine nuit, mais bon, comme dit Gaby : « La nuit,
tous les chats sont aigris ».
Tu parles d’un joli conte de Noël…
Il est parti avec mes illusions de bonheurs, mon âme d’enfant, mes
souvenirs et surtout mon frigo… et ça, c’est dégueulasse. Bon, je l’avoue, je
ne devrais pas prendre autant les choses à cœur. Il vit sa vie et c’est bien…
Mais même si ce n’est qu’un coup de déprime, que voulez-vous ? Je vois les
choses en noir. Et ça ne date pas d’hier. J’ai toujours tout vu en noir ; à
commencer par ma mère, qui était veuve. Et puis, j’ai toujours pensé que notre
passé était sinistre et notre présent invivable. Heureusement qu’on n’a pas
d’avenir. Et après ça, on voudrait que je fasse la fête pour Noël. Mais moi j’ai
aucune raison de faire la fête. Même la fête du beaujolais pour moi, c’est pas
nouveau. J’en bois tout le temps. Enfin, je suis quand même allé à la messe de
minuit, mais c’était plus pour Dieu que pour moi.
Je crois que ce qui me chagrine le plus, c’est qu’en partant, il a emporté
aussi ma jolie colocataire. Va savoir, il devait l’aimer plus que moi. Comme
dit Gaby : « Mon plus grand chagrin d’amour, c’est que personne ne m’aime ».
Heureusement qu’il nous reste le bistrot et les copains de comptoir. Sans
eux, je finirais miséreux comme ce pendu qui avait ces vêtements usés jusqu’à
la corde. Et honnêtement je suis d’accord avec Gaby, quand il dit : « Ils
peuvent toujours chercher, y aura pas de vie sur mars tant qu’il n’y aura pas
un bistrot ».
Bon mon chat est parti ; et je reste tout seul
Avec mon amour propre qui me tire une sale gueule
J’en ferais bien de la poésie, mais que voulez-vous, je fais dans
l’Alexandrin unijambiste… Il me manque toujours un pied…
Je suis désolé, mais comme dit Gaby : « En cette période de fête j’aurais
aimé finir par un message positif, mais je n’en ai pas. Est-ce que deux
messages négatifs vous iraient ? »
En tout cas, mon chat, y aura toujours un coup à boire pour toi à la maison.
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