M. Betty, il dit toujours : « Finalement, la France
quand on y pense, c’est un petit pays coincé entre la Belgique et la Bretagne
». Rassure-toi, toi qui me lis, il n’est rien arrivé à Gaby, c’est juste que je
suis allé me perdre du côté Saint-Brieuc, et que du coup j’ai changé de copain
de comptoir, juste pour voir.
Alors je vais te dire, je ne comprends pas pourquoi le
bouquin « Cinquante nuances de gris » a un tel succès, parce que finalement il
suffit de faire un tour en Bretagne pour en découvrir beaucoup plus. Cela dit,
ce n’est pas tellement que le froid m’a gêné. Faut dire que je suis d‘origine
portugaise et que là-bas, on peut le dire, les Ibères sont rudes.
Les gens du nord, qui ont dans leurs yeux le bleu qui
manque à leur décor, sous leurs airs austères et leurs mutismes, sont très
accueillants après un court examen. Comme dit M. Betty : « Le respect de la
Bretagne ne s’octroie pas, il se gagne ». Essentiellement après quelques
verres. Là-bas, un verre, ça va, mais trois verres, ça va, ça va, ça va bien
mieux. Comme dit M. Betty : « La bière est la preuve que Dieu existe et qu’il
nous aime ». Et je t’assure que là-bas, sur ce genre de truc, ils sont plutôt
bigots.
Malgré tout, une chose me chiffonne. Ils disent pain
au chocolat au lieu de chocolatine. Et depuis que le pain au chocolat est
devenu un argument en faveur de l’identité nationale (doux euphémisme pour
racisme ordinaire), j’ai ce mot en horreur. Que veux-tu, je préfère donner à ma
viennoiserie un nom qui au moins a le mérite de ne pas pousser au patriotisme.
Attention, ne me fait pas dire ce que je n’ai pas dit.
Je ne suis pas régionaliste. Je ne suis pas un de ces imbéciles heureux qui
sont nés quelque part. Non ! Mais, j’aime que la langue française se colore,
s'enrichisse de mille patois, de mille langues. Que l’identité nationale soit
multiple, pour que chacun s’y reconnaisse ! Que le pays ne soit plus un et
indivisible, mais toute en nuance comme le ciel de Bretagne. On appellerait ça
les frances, en minuscule pour nous ôter la folie des grandeurs qui nous
consument. On y puiserait nos racines, un peu partout, de la mondialisation à
taille humaine. On supprimerait les frontières et les querelles de clocher
puisqu’on pourrait aimer librement son pays et celui des autres de la même
façon. On aurait plus le moindre souci concernant sa culture, sa langue, sa
religion, ou son orientation sexuelle. À ce propos M. Betty, il dit souvent «
je préfère rendre un homme gay qu’une femme triste ».
Et sur ça je suis tout à fait d’accord avec lui. Faut
dire que quand j’ai bu, je suis amoureux du monde entier. Je dois avoir un cœur
à la place du foie. Que te dire, j’aime les poulettes basquaises, les filles
savoyardes me font fondre, j’aimerais consoler la Paimpolaise marrie et amère,
qui attends le retour de son mari marin parti en mer. La Briochine m’invite à
la gourmandise . Enfin, comme dit M.Betty " La bretonne ne se prends pas, elle se donne". Je n'oserai pas vous avouer que la Biterroise réveille en moi des envies de Béziers. Cela dit
j’arrête, ça ne vous intéresse surement pas comme dit M. Betty, « Le sujet du
sexe, je ne sais pas si ça touche beaucoup d’entre vous, mais ça touche
beaucoup d’entre moi »
Mais sachez qu’en ces temps de guerre, religieuse,
économique, militaire et sociale, je préfère glisser ma peau sous des draps
chauds, que de la risquer sous les drapeaux. Et pour éviter toutes
controverses, au petit matin, j’irai chercher des croissants…
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