mercredi 23 septembre 2015

Chantecler Syncopé


Réponse à un appel à texte sur le thème du grand chant. Je reconnais que c'est un peu bizarre mais c'est le but.  Comme d'hab', hésitez pas à laisser un petit mot.


Chantecler Syncopé

« Tu vois bien [...] que le jour peut se lever sans toi »
Chantecler, Edmond Rostand




...sieds toi donc, j'voudrais pas que tu t'engourdisses comme une carpe devant l'bon dieu, non mais, vas-y, vas-y j'te dis, pose-la ta question ! Et crains pas de me faire de la pouille, hein, j'ai tellement emmanché ces derniers temps qu'y a pas des caisses que j'engrange plus. Comprends donc bien qu'c'est pas toi, l'periot, qui va m'donner la claque. Alors oui, tel que tu m'vois je suis à l'essor, j'ai l'coeur chiffon. Je lustre plus comme avant, c'est sûr. Assieds-toi là, j'te dis, près du gourbil. Pis au moins, je s'rais rassuré quant à la contagieus'té. Des fois que j'aurais choppé la métaphysique. On est pas à l'abri, dis-toi.
Oui tu vois bien qu'ça va pas si mal. J'm'emballe toujours, je cause trop haut, c'est donc que ça s'rait pas si grave que t'y penses t'y. Et puis tu crois quoi hein, l'bec en blanc ? Que moi le marquis de La-Braille-sur-Morgue, le chevalier de la luette, Monseigneur de Sept Fois dans la Bouche et Sans les poches, je me suis tari ? Tu crois que je coule plus de source, c'est ça ? Moi, qu'on appelle Galilée, parce qu'elle tourne, dit Mange-trottoir, dit Festin-nu, dit l'Abreuvoir, tu y pressens, ou bien quoi ? J'ai toujours la tête à l'envers et l'monde en vrac.
Alors de quoi que tu me blablates, j'suis armaturé. D'équerre et au fil à plomb. Pis en vrai, si tu l'oses pas pousser ta question, j'vais l'faire pour toi. Tu t'encrasses de pas savoir par quoi le monde tient. Ou par quels fils, par quelles tortues, éléphants ou mastodontes. Tu te dégoises al' vertical'. T'as l'bidonnant en cale sèche, et tu sais plus quoi donc t'y faire pour qu'ça's'passe. Alors je t'le dis de tout go et sans vers hein ! Ça passe pas, moi qui suis là depuis une quinze de décadre, je peux t'l'asséner glorieux. C'est-y pas tant grave hein. C'est lassitude des fois mais saleté de lasseté. Y a pas grand-chose pour lutter contre l'azimut. Y a des zingues qui m'ont armuché que j'étais dans l'erreur. Mais ils entravent que dalle. C'est que j'ai d'la limpe, moi.
Mais trêves de billeverseraine. Toi, tu te demandes pourquoi que je cause en rond. C'est simple. Je fais tenir le monde. Si je m'arrête de parler, tu passes à l'attrape. Vérité, je repeins pas le tableau en noir pour le plaisir. Mais si je m'arrête de blatérer, ben y a tout qui s'arrête. Comment je le sais ? Tu te sapes comment dans tes tréfonds ? C'est des choses qui se savent, c'est tout. J'espère que tu me respires bien quand j't'annonce ça.
Le zig qu'a dit qu'au début était le verbe, ben il avait pas tort. On construit nos illusions sur nos mots pis c'est tout l'tintouin. Ça vaut bien un chapeau en Espagne et de la bulle de savon en sine qua non. Parce que t'as beau médire, comment l'atmosphère tiendrait sans que je luis souffle dans sa gueule hein ? L'air de rien peut-être mais l'air c'est moi. La sphère aussi. Banco todos et tutti quanti. Pourquoi tu deviens agitation d'un coup ? Quoi ?
Qu'est-ce que t'essaye de boxonner ? Je dors pas bidouillé, moi, j'suis raide dans mes bottes. Tu aim'rais me faire croire que le jour se lève sans moi ? T'es bien un givre, tiens qui crois-tu t'y que tu l'abuses, s'pèce de merle.
Tu veux me faire croire que l'alouette et l'rossignol ne créent pas leur nuit en plein jour ? J'ai pas l'air, mais j'ai la manière et l'éducation, moi m'ssieur !
Ça y est, tu t'engrosses mal, et tu veux décave. Normal. Ça se fait commac et c'est toujours la rengaine du pareil. T'adoucis pas donc, et trace ton pavé. Tu trouveras bien le bout de la rue. Le monde est juste après. Bandonne moi donc, c'est l'habituelle. Normal.
Ciao frangin, garde-toi d'angine, et va faire tourner la mappemonde. Moi je reste affilé à ma langue pour faire dans la préservation. Je devrais être une espèce protégé avec mon auditorium à ciel ouvert.
Tiens en v'la un autre de valet d'paille. Du genre à s'embraser au premier feu de détresse. Du genre à rechercher le slang de derrière son noeud de pendu. Mais qu'il s'approche et ce sera tout suite une autre paire de vis. Il est en maladie, ça se lorgne bien sur sa tenue. Un bout de zinc en fond de mémoire peut-être. Comme l'autre il voudra savoir, comment que je crée mon foin et comment que je l'engrange. Faut bien de ça pour que ça tourneboule comme il veut. Tiens donc, il se ramène avec sa question en ci-devant.
Salut, vieille branche, comment qu'ça va. Chanteclerc, dit clair-de-lune pur l'espoir, dit l'fredonneur, dit Six-sur-sept vu que je suis jamais là le dimanche. Faut bien laisser au Dab son jour de gloire. Alors, t'as une question ? Pas de souci, j'ai tout mon temps. A...

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