Mon pote Gaby, il dit toujours :
« Parfois, je m’endors en sursaut et je me réveille à poings
fermés ». Il est comme ça Gaby, un peu poète. Du genre à plaindre ceux qui
ne rêve qu’en dormant. Mais, entre nous, je pense que c’est le printemps qui
lui réussit. C’est bien simple, avant il était aussi jovial qu’une chanson de
Vincent Delerm, il avait l’âme aussi sombre que l’ombre du doute qui l’habitait.
Il était désespéré, quoi ; Mais bon, comme il dit toujours : « Les
plus désespéré sont les gens les plus beaux. Je connais des mortels qui sont de
pur sanglot » ; Non attends, ça c’est pas de Gaby mais de Musset. C’est
un pastiche pour reprendre le cri de l’auvergnat en visite à Marseille.
En
tout cas maintenant, je trouve qu’il a bonne mine. Avant, il se demandait si il
faisait partie de ceux qui commandaient ou de ceux qui obéissaient bien qu’il
n’aime ni l’un ni l’autre. Ben il a concilié les deux. Maintenant il obéit à
ses instincts et se recommande sans sourciller un deuxième pastis. Vraiment le
printemps, ça lui va bien.
Avant il disait qu’il n’existait
que deux types de femmes, celles qui partaient et qui lui brisaient le cœur et
celles qui restaient et qui lui cassaient les couilles. Il allait même jusqu’à
affirmer que Landru avait raison de dire que la place d’une femme, c’était au
foyer. Mais maintenant, il se remet à papillonner, il commence à être d’accord pour
dire que c’est le décolleté qui habille le mieux une femme, tant et si bien qu’il
ne sait plus à quels seins se vouer.
Moi je commence à me demander si
c’est le printemps qui a une influence sur lui ou bien l’inverse. La preuve,
l’autre jour, on se baladait et au fur et à mesure du chemin, j’ai vu des
bourgeons éclater… de rire.
Gaby il dit
toujours « un poète, il est comme les autre hommes, prisonnier de
lui-même. Mais il a su, lui, s’envoler avec sa cage ». V’la le printemps
et je crois que j’ai des idées qui commence à germer.
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