Mon pote Gaby, il dit toujours : « Lever le coude, c’est le meilleur moyen
pour pas baisser les bras ». Ben, je suis bien d’accord, tiens. C’est quand même
pas mal agréable de picoler avec quelqu’un qui ne dit rien, mais qui le dit
bien. Pas facile, je t’assure de te trouver un compagnon de bar qu’a un foie et
une foi à toute épreuve. À ben, Gaby, il croit dur comme fer, du coup, il boit
jamais d’eau, il aurait trop peur de rouiller. Il dit toujours : « À force de me
planter, je vais bien finir par pousser » et ça marche puisqu’il croît. Enfin,
il croit surtout au fait qu’au bistrot, comme en poésie, un seul vers, ça ne
rime à rien. En la religion, il ne croit pas tellement, car comme il dit
toujours : « Dieu, j’ai fait une croix dessus ».
En parlant de ça, je me rappelle une fois, avant de le
rencontrer, où je buvais avec ma solitude pour seule compagnie. J’avais
tellement bu que j’avais attrapé une crise de foi, je commençais à douter de mon
athéisme. Ben oui, certes je ne crois pas en Dieu, mais j’ai toutes les raisons
de penser que c’est réciproque. En plus, Dieu c’est pas le mauvais bougre.
D’accord il a crée le monde sur un coup de colère, mais je sûr qu’au fond il le
regrette beaucoup même si des fois il se voile la face.
Dieu, voilà un gars avec qui j’aurais bien aimé boire un
coup, tiens. Histoire de lui dire qu’une croix, vue de profil, ça perd beaucoup
de son intérêt. Et avoir comme camarade de bistrot un type qui change l’eau en
vin, par ces temps de crise, ce n’est pas à dédaigner. Et puis, je suis d’accord
avec sa morale : « Aimons-nous les uns par-dessus les autres » comme je dis
souvent à la rouquine du troisième . Car comme le dit Gaby : « De toutes les
erreurs de la création, la femme est celle que Dieu a le mieux
réussie »
En plus, si y a bien un type au monde qu’a des raisons de
boire, c’est bien Dieu. Ben oui quoi, imagine que la moitié de tes enfants ne
croit plus en toi et que la moitié de ceux qui y croit encore n’ont rien compris
de ce que tu a essayé de leur enseigner et font tout l’inverse. Y a de quoi
filer le bourdon à un croque-mort neurasthénique.
Allez Dieu, si t’existes, descend boire un coup avec moi et
Gaby. Et promis, la première tournée, c’est la mienne. Dois bien me rester un
peu de monnaie sur mes trente deniers.
Le pote à Gaby
Le pote à Gaby
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