jeudi 23 février 2012

Du droit au malheur...

Mon pote Gaby, il dit toujours « La vie, c’est comme un eunuque décapité, ça n’a ni queue ni tête » et pis souvent il rajoute : « Ce qui est sûr, c’est que si la vie n’a pas de sens, elle a au moins une direction : le cimetière ».
Toi qui me lis, avant de continuer, faudrait que je te cause de mon pote Gaby. Pour que t’imagines un peu le tableau, c’est le genre de gars qui boit les verres à moitié vides comme ceux qui sont à moitié pleins. On travaille dans l’ingénierie migratoire, étage gestion des flux et des reflux (ce qui, entre parenthèses, me fait marrer) option liquide en tout genre, spécialisation éthique de l’éthylisme. Pour te dire ça en des thermes compréhensibles, on est ce qu’on appelle des piliers de comptoir, métiers en voie de disparition peut-être, mais ô combien utiles parce qu’après tout un pilier de comptoir, c’est celui qui accepte de se noyer dans l’alcool pour éviter que le bar ne coule.
En tout cas, lui et moi on est d’accord pour dire qu’on devrait changer la constitution pour y intégrer un droit z' inaliénable de l’homme au malheur.
Non, mais c’est vrai quoi. C’est quoi cette tyrannie du bonheur, marre de tous ces marchands du temple, les c’eusses qui te vende du rêve en poudre, de l’avenir à ne savoir qu’en faire, de la beauté jusqu'à en vomir, du bien être à s’en sentir mal, marre de devoir me justifier quand un pote me compte par le menu comment qu’il va bien, très bien même, financièrement, conjugalement, corporellement, idéologiquement, littéralement, inconsciemment, bref qu’il est heureux et qu’il te plaint que tu ne le sois pas.
Alors ce serait ça le bonheur ? Cette idée que l’état, le psy, le préposé aux impôts, la caissière, le voisin, enfin bref tout le monde sait toujours mieux que toi ce qui est bon pour toi. Ben merde, c’est que ça ressemble vachement à du management quand même. Et puis j’ai lu le meilleur des mondes et ça m’a vacciné contre le bonheur aussi surement que le résultat des prochaines élections présidentielles. Et puis si ça me plaisait à moi le malheur. Si j’aimais me plaindre de ma condition d’être humain. D’ailleurs avec Gaby, on se pose une question : si le paradis a une porte, c’est qu’il a des murs, non ?

Le pote à Gaby

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